L’essor de l’intelligence artificielle marque une rupture sans précédent dans l’histoire humaine. Si elle se présente comme un outil d’optimisation et de progrès, elle questionne aussi nos valeurs fondamentales, notre rôle dans la société et notre capacité à préserver notre autonomie intellectuelle et sociale.
Ce qui distingue aujourd’hui l’humain de l’intelligence artificielle, c’est sa conscience de son existence et la peur de la perdre. Cette conscience influence nos choix individuels et collectifs, souvent guidés par l’instinct de survie et la recherche de sécurité. À l’inverse, l’IA ne ressent ni attachement à son existence ni peur de la mort, ce qui lui permet d’agir sans biais émotionnels, mais aussi sans véritable compréhension du monde qu’elle modélise.
Dans ce contexte, l’intelligence artificielle peut-elle réellement remplacer l’homme ? Dans certains domaines, oui. Dans d’autres, elle restera un outil complémentaire à l’humain. Mais la véritable question est : que deviennent ceux qui sont remplacés par l’intelligence artificielle ? Sommes-nous face à une simple perte d’emplois ou à une disparition totale des salaires et du modèle économique actuel ?
L’IA et la conscience humaine : une relation asymétrique
L’humain est profondément influencé par sa conscience du temps et de la mort. Cette peur structure son rapport au travail, à la richesse et à l’organisation sociale.
À l’inverse, l’intelligence artificielle n’a pas d’émotion ni de perception existentielle. Elle exécute des tâches et optimise des systèmes sans ressentir de besoin ni de désir, ce qui la rend inépuisable et totalement rationnelle dans sa prise de décision.
Cette différence soulève une inquiétude :
- L’intelligence artificielle peut-elle nous aider à dépasser nos limites cognitives et émotionnelles ?
- Ou risque-t-elle d’exploiter ces mêmes limites pour accroître des inégalités de pouvoir et de richesse ?
Si elle est utilisée uniquement pour réduire les coûts et maximiser l’efficacité économique, elle risque d’accélérer la précarisation d’une partie de la population, sans proposer d’alternative viable.
L’IA peut-elle réellement remplacer l’humain ?
L’intelligence artificielle excelle dans les tâches répétitives et les prises de décisions basées sur des données. Elle remplace déjà l’homme dans plusieurs domaines :
- L’industrie et la production : les usines automatisées nécessitent de moins en moins d’ouvriers.
- Les services financiers et juridiques : les algorithmes traitent des contrats, des audits et des diagnostics juridiques bien plus rapidement qu’un humain.
- La médecine : l’intelligence artificielle diagnostique certaines maladies avec une précision supérieure à celle des médecins humains.
- Les transports : les véhicules autonomes pourraient réduire le besoin de chauffeurs professionnels.
- Le journalisme et la création de contenu : certains articles d’actualité sont déjà générés automatiquement par des AI.
Selon un rapport de l’OCDE, jusqu’à 27 % des emplois pourraient être fortement automatisés dans les pays membres d’ici les prochaines décennies.
Cependant, l’intelligence artificielle ne peut pas remplacer l’humain dans des domaines où l’intuition, la créativité et l’intelligence émotionnelle sont cruciales :
- L’éducation : l’IA peut fournir du contenu pédagogique, mais elle ne remplace pas un enseignant qui sait adapter son discours aux émotions et aux besoins de l’élève.
- La psychologie et le soin : un chatbot peut simuler une conversation, mais il ne ressent rien et ne comprend pas réellement l’expérience humaine.
- L’art et la culture : l’intelligence artificielle peut créer des œuvres, mais elle ne les fait pas par inspiration ou ressenti personnel.
- La gouvernance et l’éthique : une IA peut proposer des lois optimisées, mais elle ne possède aucun sens moral propre.
Que deviennent ceux qui sont remplacés par l’IA ?
L’automatisation massive des métiers pose un défi social et économique majeur. Contrairement aux révolutions industrielles précédentes, qui ont vu l’apparition de nouveaux métiers, l’intelligence artificielle remplace parfois des emplois sans en créer de nouveaux.
Deux scénarios possibles :
1. Un monde sans travail rémunéré
- L’IA prend en charge l’essentiel de la production de biens et services.
- Le travail humain devient optionnel et la notion de salaire disparaît.
- Un revenu universel ou une redistribution automatique des richesses est mise en place pour garantir un niveau de vie décent à tous.
2. Un monde de précarité accrue
- Les emplois supprimés ne sont pas remplacés.
- La richesse se concentre chez ceux qui possèdent les technologies d’IA.
- Une majorité d’individus bascule dans une instabilité économique chronique, contraints de se reconvertir constamment.
Enjeux sociétaux :
- Comment éviter une explosion des inégalités entre ceux qui contrôlent l’IA et ceux qui en subissent les effets ?
- Faut-il repenser la valeur du travail et du salaire dans un monde où la production devient quasi-autonome ?
L’IA et la répartition des richesses : vers une équité technologique ?
Si l’intelligence artificielle est correctement encadrée, elle pourrait contribuer à une répartition plus équitable des ressources :
- Optimisation de la production et des besoins, pour éviter le gaspillage et améliorer l’accès aux ressources essentielles.
- Automatisation des tâches ingrates, permettant à chacun de se consacrer à des activités plus épanouissantes.
- Mise en place d’un revenu de base garanti, compensant la perte d’emplois due à l’automatisation.
Mais si l’IA est utilisée pour accroître la rentabilité sans considération sociale, elle risque de renforcer les inégalités :
- Concentration des richesses chez les entreprises et États qui détiennent les technologies d’IA.
- Création d’une élite « augmentée » et d’une masse de travailleurs précaires ou inutiles économiquement.
- Accroissement du pouvoir des États autoritaires capables d’utiliser l’intelligence artificielle pour contrôler leurs populations.
La question centrale est donc : l’intelligence artificielle doit-elle être un bien commun accessible à tous, ou un outil privé réservé à une minorité ?
Faut-il redéfinir la notion de travail et de valeur humaine ?
Si l’intelligence artificielle remplace massivement les emplois, l’humanité devra réinventer la notion de valeur sociale. Actuellement, la société repose sur un modèle où la dignité et la sécurité sont liées au travail et au revenu. Si le travail disparaît, sur quelles bases redéfinirons-nous la valeur humaine ?
Trois principaux scénarios possibles (il peut y en avoir d’autres bien sûr) :
1. Une société où le travail devient un choix et non une obligation
- Les besoins matériels étant assurés par l’IA, l’humain se consacre à la recherche, l’art, la spiritualité et les relations sociales.
2. Une société ultra-compétitive où seuls les plus qualifiés survivent
- La formation devient un enjeu majeur pour rester employable.
- Ceux qui ne s’adaptent pas à la révolution numérique sont marginalisés.
3. Une hybridation humain-machine pour rester pertinent
- L’humain fusionne avec l’intelligence artificielle (interfaces neuronales, augmentation cognitive).
- Ceux qui refusent ces avancées deviennent obsolètes sur le marché du travail.
Conclusion : L’IA est-elle un progrès ou une menace ?
L’IA ne crée pas un nouvel ordre social, elle exacerbe les tendances existantes. Elle peut être :
- Un levier d’équité, si elle est utilisée pour redistribuer les richesses et améliorer la condition humaine.
- Un outil de domination, si elle est accaparée par une minorité pour maximiser son pouvoir.
L’enjeu n’est pas de savoir si l’intelligence artificielle va nous remplacer, mais si nous saurons redéfinir notre rôle dans un monde où l’intelligence artificielle est omniprésente. Face à cette transformation, allons-nous évoluer avec l’AI, ou serons-nous dépassés par elle ?
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